Ouverture de saison à l’Opéra de Nice avec “Coppélia” d’Eric Vu-An
Le Ballet Nice-Méditerranée a choisi d’ouvrir sa saison avec Coppélia dans la version d’Eric Vu-An. La compagnie rend ainsi hommage à celui qui fut son directeur de 2009 jusqu’à son décès brutal en juin dernier.
En quinze ans de direction, Eric Vu-An a constitué pour le Ballet Nice-Méditerranée, un répertoire original et éclectique dans le paysage chorégraphique français. Ainsi la compagnie peut-elle s’enorgueillir de danser des œuvres incontournables des chorégraphes internationaux que sont George Balanchine, Lucinda Childs, Alvin Ailey ou encore Jiri Kylian, des pièces emblématiques du répertoire français telles que Soir de fête de Leo Staats, Cantate 51 de Maurice Béjart ou l’Arlésienne de Roland Petit, des raretés comme Pas de Dieux de Gene Kelly remonté grâce à Claude Bessy, des créations néo-classiques récentes – Cendrillon de Thierry Malandain, programmé cette saison pour Noël, ou Giselle de Martin Chaix créé en 2023 -, sans oublier les grands classiques auquel Eric Vu-An était très attaché et dont il avait réglé ses propres versions, comme Don Quichote, Raymonda ou encore Coppélia.
Coppélia a été créé en 1870 à Paris, sur une musique de Léo Delibes. L’intrigue s’inspire d’un conte d’Hoffmann et raconte les amours de deux jeunes villageois, Swanilda et Frantz, contrariées par l’apparition d’une mystérieuse créature imaginée par un savant fou, le vieux Coppélius. Ce ballet est l’occasion d’une succession de solos, de pas de deux, d’ensemble, entre lesquels s’intercalent des pantomimes caractéristiques du XIXe siècle qui permettent aux personnages de communiquer entre eux – et aux spectateurs de suivre les péripéties – là où la danse pure a ses limites.
Eric Vu-An a inscrit sa chorégraphie dans l’esprit de l’école française en faisant la part belle à un travail du bas des jambes raffiné et complexe avec moult batteries et enchainements particulièrement vifs. La danse n’est pas là pour faire montre de puissance avec des sauts spectaculaires ou des hyper-extensions, mais pour emporter le public dans un univers élégant et raffiné. Les décors faits de panneaux peints, réalisés dans les ateliers de l’Opéra de Nice, servent d’écrin au ballet ; il est toutefois dommage qu’au deuxième acte, ils dérobent au regard des spectateurs des loges à jardin, l’action entre Swanilda, l’héroïne, et Coppélia, la poupée.
Après une entrée en scène un peu froide, Ekaterina Oleynik, à la présence scénique affirmée, s’est révélée une Swanilda espiègle qui a su se jouer des difficultés du rôle. Elle forme un joli duo avec le cubain Luis Valle Ponce, danseur virtuose et bon comédien. Les danseurs du corps de ballet ne sont pas en reste et nous ont offerts de très beaux ensembles. L’orchestre philarmonique de Nice était dans la fosse, avec une belle interprétation de la composition de Léo Delibes, prouvant qu’une musique jouée en direct offre un élément incontournable : Un vrai dialogue avec les artistes sur scène. Cette reprise de Coppélia est une belle réussite ; on compte sur le ballet de Nice pour continuer à faire vivre ce répertoire français, trop rare sur les autres scènes de l’hexagone et dont Eric Vu-An disait “Je souhaite transmettre aux danseurs d’aujourd’hui ce qui me fut donné en héritage et dont ils seront dépositaires, à leur tour, pour le plus grand plaisir de notre public”.
Stéphanie Nègre
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